9 septembre 2006 – Opéra Bastille Que dire une fois de plus de cette soirée qui ouvrait la nouvelle saison sinon que nous retrouvions ce qui a marqué la saison précédente : une vraie qualité de la distribution et une ineptie complète de la mise en scène. Tout commence avec Nathalie Dessay. Particulièrement appliquée ce soir là, ce rossignol fragile nous a présenté une Lucia de très grand luxe. Doublée d’une excellente comédienne, Mademoiselle Dessay sait à merveille jouer de toute la richesse de sa voix pour entraîner son personnage vers l’irréversible folie. Tout cela est admirable. Même le léger voile qui apparaîtra après cet air sur les cordes vocales de notre diva viendront en réalité renforcer la richesse musicale qui nous était présentée ce soir là. A ses côtés, Matthew Polenzani ne démérite absolument pas vocalement et tous deux nous emportent dans leur duo d’amour malgré l’ineptie de la mise en scène. Ludovic Tézier était un petit peu en retrait pour cette première mais il campait néanmoins un formidable Enrico, tout de rage et de haine. Enfin, une mention toute spéciale pour Kwangchul Youn dont la basse, même si elle manque parfois un tout petit peu de profondeur, offre une rare et convaincante interprétation de Raimondo, personnage pourtant bien terne. Au pupitre, Evelino Pido en grand maître et fin connaisseur de ce répertoire, démontre, une fois encore, que l’orchestre de l’Opéra national de Paris peut être un grand orchestre s’il est bien dirigé. Et vient le metteur en scène. Celui là n’est pas de la catégorie des marthaler et des hanecke, apôtres de la provoc’ facile et ringarde. Il se rangerait plutôt dans la suite des Johan Simons : comment être à côté de son sujet tout en voulant, à gros trait, souligner le peu qu’ils ont compris de l’œuvre et en ajoutant tout un fatras d’éléments secondaires et inutiles. Je m’explique : un décor unique d’intérieur de tour envahi de cordes, de chevaux d’arçon avec son lot de lutteurs, jongleurs, boxeurs et autres trapézistes dont le rapport avec Lucia est encore moins évident que celui d’un masaï devant un repas au poisson. Au milieu de tout cela, nous avons parfois peine à voir les chanteurs. Au dessus, de cette fosse, une tribune encombrée de bourgeois gras et repus, accompagnés de leurs légitimes et de leurs illégitimes pour bien montrer – sans doute – tous les travers du capitalisme puisque c’est l’objectif premier de mortier et de ses affidés. Je passe sur le fatras de lits à étage en ferraille aussi gracieux qu’un char Leclerc. Tout ceci est grossier, déjà vu, sans intérêt et parfaitement hors sujet. serban a bien mérité des huées du public. Alors venons en à ces huées qui constituent le lot de la quasi-totalité des représentations de l’Opéra de Paris depuis l’arrivée du funeste mortier. Ce soir là, le public était tellement outré qu’il en a commis l’erreur de huer Peter Burian et ses chœurs qui n’y étaient pour rien et n’avaient vraiment pas démérités. Lorsqu’il est finalement apparu, le sieur serban était généreusement soutenu par Nathalie Dessay : était-ce bien raisonnable ? Il ne faut pas confondre, chère Mademoiselle, le plaisir que vous avez à chanter et la vision que nous avons, nous spectateur, depuis la salle. Si j’imagine qu’il est agréable d’évoluer sur les embûches de ce décor, nous n’éprouvons rien en vous regardant au milieu de ce cirque qui n’a rien d’émouvant ni de poétique. Une dernière petite remarque sur la critique parisienne et apparentée ; elle effectue, depuis cette rentée, un beau numéro de volte face en s’étonnant de cette nouvelle tradition des huées lors des représentations à l’Opéra de Paris et en tenant peu à peu le même discours que celui de mortier, fustigeant l’académisme du public qui ne comprendrait pas le besoin de modernité. A quoi doit-on ce revirement alors que ces mêmes critiques assassinaient copieusement la saison précédente ? Ont-ils peur d’être assimilés au vulgaire public par les grands maîtres du soi-disant bon goût ? Seraient-ils snobés par ces grands maîtres ? Je n’ai pas de réponse mais le mouvement est intéressant. P.S. : Lucia est de ces opéras que monsieur mortier n’aime pas. Nous lui sommes donc particulièrement gré de nous octroyer ces représentations.
C'est la révolution sur ce blog ! Sus à Mortier !
Plus sérieusement, j'ai assisté à Lucia le 22/09, et j'en ai tiré a peu près les mêmes conclusions.
Rédigé par : Sarastro | 25 octobre 2006 à 17:41
Pas de révolution, bien au contraire !
Rédigé par : Operanight | 26 octobre 2006 à 13:58